Mardi 11 juin 1940 - Extrait du livre "Sur la Paille, Dunkerque 1939-1940 - Témoignage de Gratienne Soyez
De retour chez eux, ils examinent les dégâts : " L'obus dont m'a parlé mon père est passé là... il alla perforer l'angle opposé de la pièce au niveau du plancher pour exploser enfin, à bout de course et détruire la maison voisine dont il ne reste qu'un amas de ruines informes de poutres et de briques. Seul, le pied de l'une de mes chaises a été brisé net, et mon pauvre herbier dont j'étais si fière... a été perforé très savamment en son milieu."...
Les vitres ont été brisées un peu partout mais apparemment rien n'a été pillé. En revanche, au rez-de-chaussée, chez Madame Bourbillon, il y a eu pillage : table, chaises et buffet vide ainsi que de beaux tableaux.. " Un autre désenchantement survient à la constatation de la coupure de l'eau potable, de l'électricité et du gaz de ville... Nous avons encore une petite réserve de charbon et un réchaud à alcool."
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"Nous nettoyons sans relâche et sans fin des résidus de toutes sortes qui ont couvert d'un voile épais tous les objets sous lequel ils disparaissent"...
"Seul Serge est à son affaire ! Agenouillé devant le cageot où il range tous les jouets qu'il a abandonné si brutalement durant l'exode, il se retrouve, émerveillé, serrant à deux bras sur sa poitrine à tour de rôle l'ours de peluche rousse et le lapin de fourrure rose"...
"Seul manque Robert ! Quand reviendra-t-il donc ?"
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Monsieur Bourbillon leur raconte ce qu'il a vu :
" - Ce qui n'est pas en notre honneur, c'est qu'il y a des gens de notre région qui osaient détrousser les cadavres sur la plage, volant montres et alliances, vidant poches et portefeuilles.
- C'était peut-être dans le but de les rendre aux familles !
- Je ne le crois pas, car ils se débarrassaient tout aussitôt des papiers d'identité qu'ils rejetaient au vent !
- Ce n'est pas croyable !
- J'ai vu des soldats allemands les en empêcher."
Monsieur Bourbillon continue à narrer tout ce qu'il a vu sur la plage et parle aussi des prisonniers ...