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TOUT SUR DUNKERQUE
15 janvier 2023

JOLIE LEGENDE ROSENDALIENNE

DUNKERQUE LALEGENDE DES FUSEAUX QUEBEC 1924

C’est au pays des Flandres, il y a de ça longtemps, vers l’an 1600, que cette histoire s’est passée.
Il y avait alors, au petit village de Rosendaël, bâti sur les dunes, une jolie fillette aux blonds cheveux bouclés, couleur du sable de la grève, aux yeux bleus aussi tendres que des pétales clairs de violettes.
Mièje, ainsi s’appelait la petite fille, avait perdu sa maman de bonne heure, et comme son papa et ses deux grands frères étaient pêcheurs, et rarement à la maison, Mièje, malgré ses huit ans, s’occupait de l’intérieur et se montrait une brave petite ménagère. On la voyait, ravaudant les hardes du logis ou astiquant les marches de la pauvre demeure, mais rarement courir et gambader avec les fillettes de son âge sur la crête des dunes, car il y a beaucoup à faire pour tenir en ordre une humble maisonnette lorsqu’on a seulement huit ans !
Chaque fois que son père et ses deux frères allaient « mater la gueuse », comme ils disaient, elle les conduisait jusqu’à la barque en partance et, bien souvent, avec son grand filet, elle entrait dans la mer pour pêcher du bouquet, cette belle crevette rose à la chair délicate.
Or, un jour qu’elle avait accompagnait son papa et ses deux frères, Mièje s’enfonça plus que de coutume dans l’eau froide, non pas qu’elle voulut revenir à la maison chargée d’un plus lourd butin, mais seulement afin de voir plus longtemps la barque qui s’éloignait. Les vagues lui passaient par-dessus la tête et l’aveuglaient ; ainsi au bout d’un moment, abandonnant la lutte, elle rejoignit la dune et sur la plus haute crête, perçant l’horizon de son clair regard, elle lança un dernier adieu à la frêle embarcation. Mièje resta longtemps ainsi à contempler l’eau vagabonde. Il fallut le grondement de la mer qui revenait, houleuse, cette fois, avec sa voix mauvaise des gros temps pour que Mièje sortit de sa mélancolie.
Le vent soulevait la fine poussière des dunes, de gros nuages noirs couraient au ciel, et les vagues écumeuses grises d’une course folle, semblaient se disputer à qui d’entre elles arriverait bonne première vers la terre.
Mièje alors, se décida à rentrer au logis.
Huit heures venaient de sonner ; il faisait presque nuit la pluie en grosses larmes d’argent tombait du ciel, et malgré le vent qui soulevait leurs capes, les femmes et les filles des pêcheurs s’empressaient de courir au port.
Voici revenues l’ « Espérance », la « Bonne Mari », la « Louise »,…
Toutes les barques une à une, toutes voiles descendues, regagnent leur attache. Pourtant deux barques manquent à l’appel : « Ma Blonde », celle que Mièje, tremblant de peur et grelottant de froid attend vainement ; et le « Pourquoi Pas ? » qu’une femme et trois enfants cherchent à découvrir à l’horizon.
Il se fait bien tard : les voisins viennent chercher Mièje qui s’obstine à rester au port ! A la nuit succède le jour ; puis d’autres nuits et d’autres jours… La fillette n’a point pleuré, et les voisins étonnés de voir que la disparition des siens n’a pas fait couler de larmes sur son visage pensent :
-- Sûrement, Mièje, la pauvre enfant, est devenue folle !
Sans cesse, Mièje fait virevolter les navettes destinées à faire les filets, mais ce ne sont point les mailles habituelles que ses doigts agiles façonnent ; que fait-elle ainsi ? On lui voit nouer, tresser, lancer en l’air, faire voler sans relâche les navettes qui retiennent le fil. Mièle ne parle plus… C’est à peine si elle remercie une main charitable qui lui assure la nourriture, elle est occupée à faire danser les petits morceaux de bois sur lesquels s’embobinera le lin filé.
Mais voici que l’enfant a terminé ce long travail de patience. Tandis que les femmes et les fillettes sont occupées à ramasser sur la grève les épaves que la mer veut bien rendre à ceux qu’elle a dépouillés, Mièje, toujours absorbée par son travail, ramasse tout ce qu’elle a fait et court à la chapelle.
En haut de la nef se balancent des barquettes ex-voto que des marins sauvés ont offert, en témoignage de reconnaissance, à la bonne Notre-Dame qui les fit échapper au péril. Il y a aussi des cierges, avec des poignées merveilleuses, qui sont également d’exécution d’un vœu et brûlent sur l’autel.
Mièje s’est agenouillée. Après avoir murmurée une longue prière, elle se relève puis sort de dessous sa mante un grand voile de dentelle. Comme elle est petite, elle grimpe tout debout sur une chaise afin de parer de ce voile la statue de Madame marie, la toute bonne et compatissante Reine des Cieux.
Elle offre à la bonne Vierge ce beau travail.
En chaque maille la fillette a mis un peu de son cœur et c’est là, surtout, ce qui fait la valeur de sa dentelle. Et tandis que, pendant l’office religieux, les fidèles admirent les fins réseaux tenus du voile de la Vierge, Mièje, après avoir fait son offrande, quitte silencieusement la chapelle et se rend sur la plage.
Tout à coup son cœur se met à battre bien fort et des larmes de bonheur emplissent ses yeux. Elle vient d’apercevoir, en mer, tout là-bas, un radeau monté par trois hommes et qui se rapproche de la côte. Dans ces trois hommes, elle avait reconnu son père et ses deux frères, miraculeusement sauvés du naufrage.
Bientôt ceux-ci débarquaient sur le rivage, mourant de faim et transis, mais oubliant tout ce qu’ils avaient souffert tant ils étaient heureux de retrouver leur chère petite blonde aux yeux bleus.
Et en créant sa dentelle aux fuseaux qui devait plus tard la richesse des Flandres, la gentille Miège put acheter une autre « Ma Blonde » plus grande et plus forte à tenir la mer, en remplacement de la barque à bord de laquelle son père et ses deux frères avaient failli trouver la mort.
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