Après cette nuit difficile dans les casemates de Saint-Pierre à Calais, la famille se regroupe et discute de ce qu'il convient de faire.
"Tout d'abord nous retournons au train pour voir ce qu'il en est" ... "encore faut-il que le train n'ait pas poursuivi son chemin !"
..." mais non ! il est bien là, ausi long, aussi minable, "... " Et que sont devenues les cornettes blanches ? Nous n'en avons plus trouvé trace où que ce soit !"...
... "mon grand-père qui ne craint cependant pas grand' chose se charge de l'expédition."
Il débarque leurs affaires et en profite pour inspecter les lieux. Il aperçoit "dans la pénombre d'un jour naissant, que les wagons sont en fâcheuse position, entièrement déséquilibrés"... Nous nous éloignons très vite du convoi maudit."...
Il commente ensuite ce qu'il a vu, "trois bombes , très probablement aussi des bombes à retardement, sont tombées à nos côtés, ainsi que des bombes à ailettes. C'est miracle que nous soyons encore tous là"...
Ils se désolent de leur allure et de leur tenue. "Nous ne sommes pas non plus très jolis à regarder" ... "Pour mon compte j'ai la désagréable surprise de m'apercevoir que mon petit tailleur est taché de sang, ainsi que nos deux sacs de voyage. Où donc ai-je pu ramasser ces taches ? Est-ce dans l'abri, est-ce parmi les couvertures dans le wagon fatal ?
Après toutes leurs aventures dans le train bizarre et dans les casemates, grand-père a peur qu'on les prennent pour des espions et ils s'empressent de quitter Calais au plus vite.
" Bientôt nous nous retrouvons sur la grand'route, en direction de Boulogne et de Montreuil, je ne sais, et bien entendu parmi le flot intarissable de réfugiés. Ils sont encore nombreux, semble-t-il, Belges et Hollandais surtout par rapport au nombre restreint de Français."...
... Fatigués, usés, sans boire ni manger, ils continuent leur chemin... quand tout à coup, arrivés au niveau de Blériot-Plage, "je suis tirée de ma torpeur ! Je m' étonne! Quelque chose est en train de changer dans cette marche mécanique" .. "On dirait qu'il se produit un remous dans la foule, en même temps qu'un long murmure, chuchotis incompréhensible"... "une partie du troupeau est en train de faire machine arrière, de virer de bord"...
Après bien des hésitations, "poursuivre son chemin"... "devient de plus en plus en plus difficile, voire impossible!"... "Sur la Somme on dit que les ponts sont coupés, qu'il n' y a plus à l'heure actuelle aucun passage et que les Allemands sont sur Boulogne."... " Il nous faut également faire demi-tour".
"Descendons sur Marck, là nous trouverons du pain ! dit Parrain"...
Ils se retrouvent au village de Marck-en-Calaisis,... queue interminable à la boulangerie...beaucoup de Belges venant du pays Noir, "bavards et exubérants". ..." Celui qui me suit, ..., oubliant, lui, que dans le malheur nous sommes tous frères, vient de me cracher dans le dos, probablement parce que je suis française et qu'il mangera bientôt de notre bon pain français"...
Arrivé leur tour, il n'y a plus de pain, plus de farine !
"Continuons notre chemin, décrète Parrain."
Nous arrivons sur la petite place d'Oye... mon grand-père voudrait franchir au plus vite le Pont de Gravelines et il a certainement raison !"... "Une activité aérienne se révèle soudain... Nous aboutissons en même temps à Gravelines"...
..." Hélas ! Nouvelle déconvenue ! là encore une mauvaise surprise nous attend ! ... le pont est barré"... "nous sommes refoulés sur la gauche du chenal du port de Gravelines, vers Grand-Fort-Philippe..."
... " où trouver un abri maintenant ? Mon grand-père s'en informe à la mairie... quelqu'un nous conduit, ô dérision ! à la Salle des Fêtes de ce petit port de pêche."... " De la paille a été étalée là, partout, pour la commodité des réfugés."
Grand-père part faire quelques courses. ... il "revient avec des nouvelles fraîches de Dunkerque qu'il a recueillies des lèvres même de l'un de nos compatriotes ayant quitté la ville quelques temps après nous. Que cela est intéressant à entendre ! Mais hélas ! il n'y a rien de bon, car rien n'est changé ! Les bombardements continuent plus intenses encore et sans relâche, sur la ville et sur le port ! La vie est intenable !Nous pensons aussitôt à ceux que nous avons laissés là-bas."...
... " La nuit se passe sans histoire, "...
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