Mercredi 3 juillet 1940 - Sur la Paille - Dunkerque 1939-1940 - témoignage de Gratienne Soyez
... " Aujourd'hui, à l'aller comme au retour, j'ai croisé ou je me suis laissé dépasser par des convois allemands bien pressés... Leur matériel lourd fait un bruit du tonnerre et je ne me sens pas tranquille en leur compagnie, ayant toujours peur d'être accrochée en roulant, happée par l'appel d'air qu'ils provoquent au passage...
Pour me rendre à Armbouts-Cappel, je ne puis plus prendre la même route car le pont et la passerelle que j'empruntais sur le canal de Furnes ont été détruits tous deux. Je suis donc obligée de passer régulièrement par le pont des Quatre-Ecluses, après avoir emprunté les écluses, ce que je n'aime guère"...
Mardi 2 juillet 1940 Sur la Paille Dunkerque 1939-1940 Témoignage de Gratienne Soyez
... " Je reviens chaque soir, avide de nouvelles. Comme hier, il est question d'opérations de guerre, un débarquement anglais est annoncé vers Calais, Boulogne, ou en Belgique....
Maman me dit qu'à présent c'est à Malo que l'on fait le recensement des habitants...
Mais ce qui est vraiment sensationnel, c'est que nous avons reçu une lettre de tante Marie. Celle-ci se porte très bien, et n'a pas eu à souffrir du tout de l'arrivée des Allemands, son village étant à l'écart, retiré dans un coin de l'Avesnois. Elle n'a même pas vu un seul soldat allemand. Elle est au courant des bombardements de Dunkerque et nous presse de lui répondre"...
Sur la paille Dunkerque 1939-40 témoignage de G. Soyez -lundi 1er juillet
."Je suis réveillée de bon matin car les casseurs de briques sont déjà à l'oeuvre "...
"Comme je ne pourrais pas réchauffer mon repas ce midi dans ma petite cuisine occupée par le Boche, et qu'au mois de juillet on ne fait plus de feu dans le poële de la classe, je vais être obligée de prendre un repas froid, dans ma classe, assise à mon bureau...
En rentrant, je ne retrouve pas tous mes petits élèves. Certains, parmi les meilleurs ne sont pas de retour ou ont quitté l'établissement. Par contre j'en ai une foule de nouveaux venus, et sur le moment j'en suis éberluée, me demandant d'où ils sortent. Ils viennent des environs, car dans les villages voisins, les écoles ont été dévastées ou sont occupées par la troupe. J'en dénombre à présent quarante-deux, au lieu de vingt-quatre avant la tourmente"...
Dimanche 30 juin 1940 - "Sur la Paille - Dunkerque 1939-1940 - Témoignage de Gratienne Soyez"
Extrait du livre "Sur la Paille Dunkerque 1939-1940" témoignage de Gratienne Soyez - 28 juin 1940
Sur la Paille Dunkerque 1939-1940 témoignage de Gratienne Soyez - Jeudi 27 juin
"Dès le matin, presque au saut du lit, Roger profite du jour de congé du jeudi pour nous rendre visite, mais surtout pour se retrouver avec Robert"...
Ils sont devenus inséparables pour bricoler électricité et radios et Robert a investi le grenier pour y loger " un déluge indescriptible de fils, de câbles, de condensateurs variés, d'élctro-aimants... de matériel de toutes sortes...
Au bout d'un certain temps ils redescendent tout deux:
- Nous allons jusqu'au petit tank anglais pour voir s'il n'y a plus rien à récupérer dit Robert en passant sur le palier en entrebâillant la porte. Ce sera autant de pris que les Allemands n'auront pas, ajoute-t-il comme pour s'excuser à l'avance!
- Mais non, tu ne peux pas ! Vous ne pouvez pas ! hurle Maman rouge de colère et de contrariété. Nous finirons par avoir des ennuis. C'est le matériel des armées...
Mais ils l'écoutent à peine, s'en vont et reviennent bientôt chargés comme des mulets."...